J'ai eu dix-huit ans aujourd'hui. Si j'étais né normal, j'aurais pu aller chercher normalement un formulaire d'inscription pour le concours d'agent en tenue du LAPD, j'aurais pu répondre normalement à l'examen oral, j'aurais pu entrer dans la vie d'adulte en commençant par réaliser un rêve. Mais je ne suis pas normal.
Rien de bien grave ou d'insurmontable, je n'ai pas eu à vivre avec l'une de ces nouvelles et incurables maladies génétiques qui déciment actuellement les couches les plus pauvres des populations de toutes les nations du monde. Je n'ai pas eu non plus à me coltiner un handicap mental ou une terrible déformation physique. Non, rien de tout cela. Mon seul handicap, ce défaut qui me complique la vie depuis une douzaine d'années maintenant c'est cette impossibilité physique d'émettre le moindre son. Enfin, pour être tout à fait honnête, il m'est effectivement possible d'émettre quelques sons mais rien de bien compréhensible ou agréable à écouter, bien sûr il me suffirait de réunir quelques dizaines de milliers de dollars pour pouvoir remédier à cela. Dans quelques années peut-être… Cette tare je la dois à mon géniteur, c'est mon seul héritage. Un soir d'ivresse il eut ainsi l'idée fulgurante de me passer à tabac un peu plus violemment qu'à son habitude. Je résistais tant que je pus, mais j'eus l'occasion d'apprendre bien vite au cours de mes jeunes années que David contre Goliath c'était des conneries. Du haut de mes six ans je n'avais pour seule arme que mon mépris et toute ma volonté, bien peu de choses face aux mains calleuses et rongées par l'acide d'un ouvrier de fonderie. Il faut croire que, ce soir-là plus que les autres, mon regard de défi n'eut pas le bonheur de plaire à mon géniteur.
Je ne me souviens que de peu de choses passé le quatrième coup, pourtant je revois encore clairement ces flics entrer dans l'appartement miteux où nous logions après avoir défoncé la porte à l'aide d'un bélier. Ils maîtrisèrent mon bourreau en une fraction de second puis l'un d'entre eux me prit dans ses bras, petite chose molle et sanguinolente, tout en me chuchotant des mots de réconforts à l'oreille. Confiant pour la première fois depuis la mort de ma mère un an plus tôt, je décidais donc de me laisser aller à la demande insistante de mon corps, c'est ainsi que je m'endormis dans les bras du flic.
Ce n'est que plus tard que j'appris la chance que j'avais eue, les médecins luttèrent plusieurs heures durant avant de parvenir à me ramener définitivement à la vie. En revanche, ils ne purent rien faire pour me redonner ma voix. Trop de coups à la gorge étaient venus à bout de la résistance de mes jeunes et fragiles cordes vocales.
Après ce jour, je n'eus plus jamais de nouvelles de mon père. Je fus remis aux services sociaux qui s'occupèrent de me trouver une place dans un foyer. La chance se décida alors à me sourire, j'aurais pu me retrouver dans l'une de ces innombrables usines à jeunes délinquants, au lieu de cela, en compagnie d'une dizaine d'autres veinards je trouvais enfin ma place dans ce monde après d'une sainte femme. Je ne m'étendrais pas dans ce journal sur Mamie Robucheaux, plus connue sous le nom de Mamie Poulet. Il me suffit aujourd'hui d'écrire que cette vieille femme mi-sorcière, mi-prêtresse vaudou originaire de Louisiane sut nous élever en nous inculquant des principes et en nous évitant les écueils des quartiers pauvres qui mènent tant de jeunes en prison ou au cimetière.
En ce premier jour de ma vie d'adulte, il me paraît important de commencer un journal. Non pas pour y consigner mes états d'âmes et mes déceptions amoureuses comme une midinette, mais simplement pour garder une trace de la vie des gens que le destin m'a permis de côtoyer. Depuis près de dix ans maintenant, je partage une partie de la vie des meilleurs et des plus méprisables flics du LAPD. Depuis dix ans, je côtoie des héros ordinaires et des vermines méprisables, des flics toujours sur la brèche, des hommes et des femmes inspirés et convaincus de devoir continuer à agir alors que le monde semble chaque jour s'écrouler un peu plus autour d'eux. Depuis dix ans, j'en ai vu trébucher et s'avilir, dévorés par la ville avant d'être recrachés en loques : ivres, drogués, corrompus… Mais je partage aussi la vie de ceux qui résistent, de ceux que rien n'ébranle. C'est pour me souvenir de ces moments que je commence aujourd'hui ce petit journal, afin de ne pas oublier ces hommes et ces femmes.
Lorsque je suis entré dans le bureau des COPS aujourd'hui, j'ai immédiatement senti cette atmosphère si particulière qui envahit de temps à autre, trop souvent, les lieux où se réunissent des flics.
Pete est mort hier soir.
Que dire de plus si ce n'est que c'était un gars sympa à peine plus âgé que moi. Courtois, toujours disponible, serviable et humain… trop humain peut-être. En allant aux toilettes, j'ai croisé Thomas O'Doole, j'aurais pu jurer qu'il venait de pleurer. Anita faisait comme à son habitude, elle soutenait ses collègues de quelques mots, d'une main sur son épaule, d'un sourire doux et envoûtant… cachant ainsi sa peine menaçant à chaque instant de déborder en un flot de larmes perlant de ses yeux émeraude.
A l'initiative du sergent Bolton, une des salles d'interrogatoire a été transformée en chambre de recueillement. Tanya Roberts est parvenue à faucher des rideaux dans le bureau d'un des lieutenants du SWAT et elle les a installés pour cacher la peinture écaillée et les vitres sans tain. Sur la table centrale se dressait un simple portrait de Pete souriant, comme à son habitude. Tout autour, une profusion de bâtonnets d'encens, de bougies de formes et de couleurs variées, de coupes emplies d'eau, de vin et d'autres liquides moins facilement identifiables… Un visiteur aurait pu prendre cette pièce pour un stand d'exposition des accessoires mortuaires de tout ce que la Californie peut compter comme religions. Près de la porte d'entrée, une grande corbeille emplie de dollars or et de cartes de crédit témoignait de la considération que pouvaient avoir les flics de l'étage pour la jeune veuve de leur défunt collègue.
La vie a repris son cours comme si de rien n'était. Dans la salle d'interrogatoire, plus aucune trace si ce n'est une légère odeur d'encens qui sera vite remplacée par le fumet si caractéristique de ce lieu : ce mélange de sueur, de peur et de produits ménagers.
L'ambiance est détendue et les plaisanteries fusent. Arnold Lohman est vraisemblablement parvenu à trouver un vrai percolateur à café et, pour la première fois depuis des années, je n'entends aucun flic se plaindre de la qualité de leur boisson fétiche. Bien au contraire, je ne cesserai jamais de m'étonner de voir ces hommes et ces femmes endurcis aux rigueurs de la ville, fermer les yeux et se laisser bercer par la douceur du noir breuvage coulant de cette nouvelle machine. Je suis certain que si les gens présents ici pouvaient élever l'un des leurs au statut de divinité, aujourd'hui ils choisiraient Arnold.
Tous les COPS, et bon nombre d'agents en tenue, qui débarquent au QG aujourd'hui arborent une bande noire sur leur insigne. C'est ce matin que Pete a été enterré.
Je n'ai pas encore compté, mais je commence à croire que les flics de LA portent leur badge barré de noir plus des deux tiers de l'année. Je me demande si des statistiques existent là-dessus.
Lorsque je suis arrivé à l'accueil, j'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas. Comme à son habitude, Big Nick avait l'air furieux contre le reste du monde mais ses collègues affichaient des sourires plus inhabituels. C'est en discutant avec Troy tandis que nous prenions l'ascenseur pour le 35e que j'eus le fin mot de l'histoire. Il semblerait que Big Nick ait brisé la cuvette de ses toilettes en s'asseyant dessus, je me demande d'ailleurs comment elle a fait pour tenir tout ce temps.
Lorsque je suis redescendu, les flics de l'accueil ne rigolaient plus du tout, il faut croire que Big Nick s'est décidé à aller polluer les toilettes communes en attendant que son “deuxième bureau” soit cette fois pourvu de WC en fonte.
Depuis quelques jours, les flics de Skid Row ne jurent plus que par les Veilleurs. Visiblement, ce groupe dirigé par un jeune homme nommé Lucas Takeshi est en passe de devenir l'un des meilleurs auxiliaires de police qui soit. Contrairement à nombre d'autres groupes d'autodéfense existant à LA, les Veilleurs privilégient une politique de prévention, d'entraide et de collaboration avec le LAPD. Il s'agirait finalement plus d'un réseau de surveillance que d'une véritable milice armée. Depuis la constitution de ce groupe, le taux de petite délinquance a visiblement chuté en flèche. Les agents en tenue ne cessent de se féliciter des nouveaux liens que ce groupe leur a permis de tisser avec les habitants de ce quartier de laissés-pour-compte.
Lucas Takeshi semble soucieux d'éviter l'attention des médias qui risqueraient d'exciter les gangs locaux et d'effaroucher les gens avec lesquels il travaille.
Il apparait aussi qu'un certain nombre de COPS et quelques flics de sections d'enquête spécialisées ont pris contact avec le jeune homme afin de commencer à créer une carte détaillée des activités criminelles organisées se déroulant dans le quartier.
Convaincus de la valeur de ce nouvel allié, nombre de flics l'encouragent à agrandir au plus vite son champ d'action et à ne plus se contenter d'agir sur quelques pâtés d'habitations. Si Lucas semble intéressé, il a aussi annoncé qu'il préférait pour l'instant se développer doucement de manière à ce que son groupe ne perde pas de vue les objectifs fixés lors de sa création.
Un nouveau fast-food vient d'ouvrir à quelques dizaines de mètres du LAPD. “Le cabanon” est un petit bar-brasserie sympathique où les flics ont jusqu'à présent toujours été bien accueillis. Le patron est un ancien agent en tenue mis à la retraite anticipée à la suite d'une grave blessure lors d'un affrontement avec un gang affilié aux Bloods. Heath Mitchel, c'est son nom, offre gratuitement le café à toute heure du jour ou de la nuit aux flics du LAPD. Le cabanon est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Heath m'a d'ailleurs filé quelques billets afin que je lui fasse un peu de pub au QG en distribuant des prospectus. Il faut croire que son café gratuit et ses succulents sandwichs commencent à attirer bon nombre de flics ou peut-être est-ce aussi la présence fréquente de sa charmante fille âgée de vingt-deux ans derrière le comptoir…
Tandis que je me baladais dans les couloirs afin d'apporter quelques pizzas aux flics des stups, j'ai eu l'occasion de croiser le capitaine Thomas Bronstein en grande discussion avec l'un de ses lieutenants, Naomi Vacaro. Le capitaine semblait s'inquiéter des actions d'Andrew Noone, l'ancien boss du COPS. Il fit une vague allusion à un cercle qui serait terriblement peiné si Andrew parvenait à mettre la main sur certains dossiers de recrutement du LAPD. Le capitaine et le lieutenant disparurent ensuite rapidement dans un ascenseur.
Je ne cesserai jamais de m'étonner de la vitesse à laquelle les gens s'habituent à ma présence. Peut-être est-ce aussi simplement que comme je suis muet ils se persuadent aisément que je suis également sourd ?
L'annonce du durcissement de la politique sécuritaire du gouvernement a soulevé nombre de discussions animées aujourd'hui dans tous les bureaux du QG. Il n'y avait pas un flic dans tout l'immeuble qui n'ait pas un avis sur les dernières déclarations du sénateur J. Mac Connroy. Si nombre de flics estiment qu'ils auront ainsi la possibilité de travailler dans de meilleurs conditions, une bonne partie pensent aussi que le projet de loi du sénateur visant à simplifier les procédures d'écoute, de fichage et d'arrestation est un premier pas vers une dérive sécuritaire des plus dangereuses pour les libertés individuelles. Il semblerait même que quelques flics du SCIU, accompagnés d'un ou deux COPS (Baron au moins était présent) se soient battus avec des membres du SWAT. Contre toute attente les flics du SWAT se sont vraisemblablement pris une raclée, et deux d'entre eux seraient d'ailleurs partis à l'hôpital pour y faire réparer quelques dents, côtes et nez brisés.
La tension est redescendue en fin de soirée après que les lieutenants des différentes unités donnèrent finalement l'ordre à leurs hommes d'éviter de parler politique au bureau. Ces lieutenants ont aussi eu l'idée d'organiser un petit championnat de boxe ce samedi afin de permettre à leurs flics de relâcher un peu la pression.
Depuis l'incident d'aujourd'hui, la cote des COPS et des flics du SCIU participant au combat ne cesse de monter.
Voici à peine une heure que le championnat de boxe inter-unités vient de s'achever et je suis encore à peine remis de mes émotions. Il faut déjà dire que tous les flics de la ville étaient à l'écoute, le sergent Logaros du CMMD ayant pris soin de commenter les combats en direct sur la fréquence des voitures de patrouille réservée aux appels non prioritaires. En l'espace d'une journée, toutes les unités du LAPD et tous les commissariats de la ville ont envoyé de un à quatre champions. Là où les organisateurs, le lieutenant Tamlinson et le capitaine Skripnick, respectivement du RMG et du COPS, attendaient une trentaine de participants, ils eurent à faire face à cent soixante participants !
C'est hier et en à peine deux heures qu'ils parvinrent à trouver des rings supplémentaires (dans des salles de sport proches ainsi que dans quelques bars où se déroulent des combats clandestins que leurs propriétaires ont gracieusement accepté de mettre temporairement à la disposition du LAPD). Finalement, le tournoi s'est donc prolongé sur deux jours. En définitive les finalistes avaient donc chacun pas moins de sept combats dans les bottes avant de monter sur le ring pour disputer leur dernier combat. C'est finalement le détective Aaron Silveni de l'UDU qui a gagné aux points contre le lieutenant Tod Hawkins du COPS. La grande surprise du tournoi fut tout de même l'élimination des trois représentants du SAD par KO dès le premier tour, à croire que les flics qui les affrontaient étaient plus motivés que pour n'importe quel autre combat.
Enfin, les flics du LAPD ont tous dû s'incliner devant l'exceptionnel résultat de l'unité COPS : leurs trois représentants se sont classés deuxième homme, cinquième homme et première du tournoi féminin pour la détective Laurena Rodriguez.
Le sergent Logaros du CMMD vient d'être mis à pied par le SAD pour avoir diffusé le tournoi de boxe sur les fréquences de la police. Les avocats du syndicat viennent visiblement de porter plainte contre cette décision directement devant le chef de la police.
Les demandes de mutation au COPS ne cessent visiblement de pleuvoir des différents services.
L'incroyable folie qui s'est emparée de tout LA en ce jour de fête nationale n'a pas trouvé de véritable écho au sein du QG. Bien au contraire, toutes les permissions et vacances ayant été annulées, la plupart des flics de LA étaient donc en uniforme et de faction à différents points stratégiques de la ville. Le QG paraissait presque désert aujourd'hui.
J'ai tout de même surpris des gens du ménage en train de profiter de ce que les bureaux étaient vides pour fouiller dans les papiers de certains détectives.
C'est marrant, je pourrais jurer avoir vu ces gens du ménage en costume cravate en train de travailler quelques jours plus tôt dans les bureaux du SAD.
Depuis ce matin, les flics du COPS présents au QG sont sur une enquête de première importance, qui est donc leur mystérieux bienfaiteur ? Depuis plusieurs mois maintenant, un généreux donateur anonyme vient en effet déposer quelques dizaines de boites de beignets sur la table des salles de repos de l'étage. Nul ne l'a jamais vu, personne ne sait comment il fait pour monter sans apparaître sur les écrans de surveillance et les enregistrements vidéo. Les boites de beignets ne portent aucune marque et les beignets eux-même sont probablement les meilleurs de toute la ville.
Les flics de l'unité se sont donc donné pour mission (en marge de leur travail) de retrouver leur généreux mais discret bienfaiteur…
Aujourd'hui, j'ai enfin pu rencontrer Lavinia Farley et force est de reconnaître que tout ce que j'avais pu entendre sur elle jusqu'à présent était vrai. Elle est terriblement belle mais aussi particulièrement glaciale et intimidante. Elle était en compagnie de Domingo qui, comme à son habitude, n'a pas manqué de prendre le temps de venir me saluer. Je pense que ces deux-là ont une relation qui dépasse largement le cadre du boulot. Mais j'ai vu suffisamment de flics sortir avec d'autres flics pour être prêt à parier ma chemise que leur histoire ne durera pas plus de quelques mois.
Ce matin, Proc faisait pitié à voir lorsqu'elle a pris son service. Jennifer Keller est venue la réconforter mais elle a rapidement été chassée par Grandma qui s'est alors occupée d'elle sans se préoccuper des regards désapprobateurs du capitaine Skripnick.
D'après ce que j'ai cru comprendre, après sa journée de boulot, Anita a bossé une partie de la soirée pour Ground Zero avant de se rendre dans une boîte branchée de Venice Beach pour y chanter avec son groupe.
Histoire de filer un coup de main à Baron, je me suis rendu chez Christopher, le propriétaire de l'animalerie pour y acheter deux poulets encore vivants. Bon sang, ce gars me fout les jetons.
Il m'a tout d'abord dévisagé longuement avant de commencer à me présenter à ses “locataires” comme il les appelle. C'est ainsi qu'une heure durant j'ai eu l'occasion de sympathiser avec beaucoup trop de bestioles exotiques à mon goût. J'ai même complètement paniqué lorsqu'il m'a expliqué qu'il vivait désormais chez lui en compagnie d'une mygale en liberté. Et je ne vous parle même pas des mutants qui sont venus lui rendre visite histoire de parler crapauds et serpents tandis que j'attendais tranquillement dans mon coin qu'il me file mes poulets afin que je puisse me tirer de là.
Lorsqu'il s'intéressa de nouveau à moi, il me raconta que certains serpents sont capables de bouffer une chèvre d'un seul morceau et que face à de tels bestiaux leurs femelles ne la ramènent pas trop. Il partit ensuite dans un brusque éclat de rire avant de me filer mes poulets tout en séchant les larmes de rire qui coulaient sur son visage.
Je suis parti sans demander mon reste.
Incroyable, dans la nuit il semblerait qu'un malveillant ait bousillé le percolateur. Les COPS ont donc été contraints de se remettre à leur jus de chaussettes mal filtré par des cafetières datant probablement d'avant la découverte de l'électricité. Autant dire que l'humeur n'est pas au beau fixe aujourd'hui.
Vinny et Piotr se sont mis en tête de découvrir qui a rempli de colle à séchage rapide les durites du percolateur. Franchement, je n'aimerais pas être ce gars-là quand ils finiront pas le choper.
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Julio Macarenas. L'après-midi étant chaud et plutôt calme, le petit Mexicain est monté avec Chorizo chez les cops pour payer son coup et fêter ça.
Une petite réception s'est improvisée, on a débouché quelques bouteilles, Julio nous a fait goûter quelques nachos et le Mezcal “muy especial” de son père, fabriqué dans la région d'Oaxaca, au Mexique. Même Hawkins est venu boire un petit verre avec ses hommes. Lohman avait tout prévu, y compris le petit cadeau. Il a offert à Julio, au nom de toute l'équipe, une machine à griller les hots-dogs toute neuve (et encore sous garantie, a-t-il certifié). Ensuite, on a sorti les guitares et les harmonicas et certains ont commencé à entonner de vieux airs mexicains ou country.
La petite fête s'est un peu vite terminée lorsque la porte de l'ascenseur s'est ouverte et que le commandant de Suza, le patron de la Division Métro, en est sorti accompagné de quelques messiers de la commission de jumelage des services de police, faisant visiter les structures du LAPD à des représentants de la police canadienne.
Julio a remballé toutes ses petites affaires et comme des mômes surpris par le pion, tous se sont remis au boulot. Pour sa part, Hawkins a passé un long moment avec de Suza et la conversation a plutôt été orageuse.
Une journée agitée. Ce midi, Big Nick est monté au 35e, pendant sa pause déjeuner, pour raconter aux gars comment Auriel Madmon, “le p'tit”, avait bousillé sa spitfire de patrouille. Tout le monde s'est marré en écoutant le gros black enjoliver son histoires entre deux bouchées d'un énorme burger. Madmon était à l'arrêt à un feu lors d'une patrouille dans Downtown et soudain, un camion de livraison lui est rentré dans le fion. Le gars est sorti en s'excusant, mais le p'tit a tapé contre le volant et s'est cassé le nez. Il voulait coller une prune au type, mais impossible d'écrire, le sang pissait partout. Il a été se faire recoudre à l'hosto, et c'est là que le malheur est arrivé. Sa mère a appelé le commissariat pour prendre des nouvelles, comme elle le fait tous les matins, et une secrétaire l'a prévenue que son gamin était à l'hôpital. Ils ne s'en sont pas encore remis à l'hôpital de la visite de la mère ! Elle est arrivée avec toute la famille et le rabbin et ils ont harcelé le pauvre médecin toute la matinée.
Madmon est rentré chez lui pour se reposer, mais avec sa mère, j'appelle pas ça du repos, et je ne suis pas sûr qu'il ne soit pas mieux à pioncer dans l'une des salles de repos du commissariat.
Malgré la chaleur étouffante, cet idiot de Lohman est arrivé ce matin avec un large sourire aux lèvres. Il a annoncé que les problèmes de chaleur étaient terminés dans ce bureau et que pour pallier les défaillances de la clim', il avait peut-être réussi à trouver un stock de climatiseurs de poche pas chers du tout. Il a même fait une petite démonstration devant quelques cops un peu dubitatifs, avant de prendre quelques commandes. Faut dire que 25$ le climatiseur de poche, encore sous garantie, c'est une affaire. Par contre, personne ne sait vraiment où il a dégoté son stock de trois cent quarante climatiseurs de poche, livrables en quelques jours…
Aujourd'hui, Vinny Bonacelli ne m'a pas commandé sa traditionnelle margharita sans anchois. Il est parti manger à l'extérieur, un peu fébrile.
Devant mon regard interrogateur, plusieurs de ses collègues m'ont lancé un petit sourire cachottier. “Il va manger au cabanon. M'est avis que la petite Sandra ne le laisse pas indifférent…”.
Je suis repassé en fin d'après-midi pour amener des rafraîchissements, et j'ai trouvé un bureau à moitié vide. Il faut dire que Pedro Ramirez était là, assis au milieu, l'air d'attendre je ne sais quoi. Le problème, c'est qu'une visite de Ramirez en plein été n'est jamais très ragoûtante. Et là, je dois dire que la suinteur atteignait des sommets. Je suis reparti rapidement, sous les regards envieux des cops forcés de rester à travailler au bureau…